Azul Fellawen
 
Zerrouki ALLAOUA - La plus belle voix de kabylie ...
Jeudi, 22 Mai 2008 20:46

La plus belle voix de kabylie ... ce titre, Zerrouki Allaoua n’a pas dérogé à la règle. Il a réussi à accrocher ses auditeurs grâce à ses compositions inédites et à sa voix dont le timbre lui était bien particulier. Cet artiste est venu au monde le 5 juillet 1915 à Amalou, village situé sur les hauteurs de Seddouk (Béjaïa). Dans cette région d’Aït Aïdel, son père, Seghir Ben Arezki, faisait office d’imam. Le père du petit Allaoua a refusé d’inscrire son fils à l’école des indigènes ou à celle des missionnaires chrétiens installées à Ighil Ali.

 
                Ci dessous la biographie réalisé par Rachid Mokhtari.
    


Donc, notre futur artiste s’est retrouvé, dès son enfance, affecté aux différents travaux champêtres. En compagnie des autres enfants de son âge, il s’est mis à apprendre les textes coraniques et à jouer de la flûte qu’il fabriquait de ses propres mains avec des tiges de roseau. Arrivé à un certain âge, il sentit le besoin de se faire voir ailleurs. Il atterrit à Béjaïa, capitale des Hammadites, où il a eu à exercer, entre autres, le métier de coiffeur. Là, il débuta sa carrière artistique par la chanson andalouse qui révéla de suite la voix rarissime du ténor. Cheikh Saddek Abdjaoui, subjugué par cette voix, caractérisée par un aigu puissant et étendu, l’orienta directement vers la chanson kabyle. Les premiers à l’avoir initié au rythme, au bendir, à la flûte et aux instruments à cordes, étaient Boudjemaâ Kadim, Mahmoud Baâli et Larbi Abdelwahab. Quelque temps plus tard, il s’envola pour la France où, à son arrivée, il s’est introduit dans le milieu artistique.

Ce fut ainsi qu’en 1948, il sortit son premier disque chez Pathé Marconi. Une chanson en arabe intitulée Ya Iahbab, elyoum kiffah (amis, aujourd’hui est à la révolution) qui est un hymne à la patrie, et une autre en kabyle au titre farfelu Tilifoun sonni, sonni (le téléphone sonne, sonne) sur son expérience de la vie dans les mines. Ses compositions ont pour thématique générale les affres de l’exil, la séparation avec les siens, la bien-aimée et la nostalgie du pays. Son objectif étant de conquérir les c  urs, il a dû viser bien droit et pour ce, il n’a eu d’yeux que pour les mots simples, mais ô combien magiques. Sa grâce et son élégance forçaient le respect. Son visage bon enfant représentait l’innocence personnifiée.

Ces qualités réunies définissaient l’artiste plein de charme que fut Zerouki Allaoua qui, en s’aidant d’un verbe générateur d’émotions fortes et d’airs envoûtants sortis des entrailles de nos montagnes, a bercé bien des générations. En France, il vivait en famille, entouré de ses enfants et de sa femme d’origine française. Cette situation n’empêchait pas que, de temps à autre, il se permettait des sauts au pays pour se ressourcer après des siens et, parfois, donner quelques galas à l’occasion.


En 1959, il s’est produit à la salle Ibn-Khaldoun (ex-Pierre Bordes) et la soirée fut filmée par une équipe de la télévision. Qu’est-il advenu de la fameuse bande d’enregistrement ? Nul ne le sait ! En 1965, accompagné par l’orchestre de Cheikh Missoum, il s’est produit un peu partout en Algérie dans le cadre d’une tournée qui s’est avérée, par la suite, comme étant l’ultime. Il a saisi cette opportunité pour enregistrer. Au cours de toute sa carrière, il a eu à interpréter quelque trente chansons dont une vingtaine seulement se trouve répertoriée dans les archives de la Chaîne II. Les plus connues sont : Zhar ewlac (pas de chance), A tasekkurt (ô perdrix), El-sBabur (ô bateau !), Sidi-Aïch , Tskhilek attir (Je t’en prie oiseau), Lewjab n wassen (supplice de l’autre jour). Nous pouvons ajouter aussi Dacu i gerbeh ? (Qu’a-t-il gagné ?), dernière chanson enregistrée et qui figure sur le disque mis sur le marché vers la fin des années 1960. Zerrouki Allaoua doit, en partie, sa célébrité à la flexibilité de sa voix et à sa grande maîtrise des techniques du chant. En route vers Avignon pour un gala, en compagnie de Dahmane El-Harrachi, un accident de voiture a stoppé net l’élan de ce grand monsieur de la chanson. Même s’il a survécu au drame cela n’a pas été, malheureusement, sans laisser de terribles séquelles.


En conséquence, sa santé se détériorait à vue d’ Â il et, quelques mois passés, soit le 17 novembre 1968, il rendit l’âme dans un hôpital parisien. Lors de son enterrement, ayant eu lieu qu à Père-Lachaise, il fut accompagné par bon nombre de ses proches, amis et admirateurs vivant en terre d’exil. Ainsi, la voix du rossignol s’est éteinte à jamais. Cependant, son nom se voit inscrit en lettres d’or dans les pages d’histoire, histoire des grandes figures de la scène artistique nationale.

Sgur Nordine
http://www.soummam.org/


Mise à jour le Dimanche, 15 Août 2010 12:11
 
Copyright © 2010 LesBerberes - Tous droits réservés.
lesberberes.free.fr - Magazine Kabyle - Musique Kabyle