Cet album qui vient de signer son apparition sur la scène de la chanson n'est pas seulement une composition récente car les textes de certains titres sont très anciens et remontent à 1988. Ce choix entre l'ancien et le récent vise à varier les sujets et à retracer mon parcours artistique. C'est lui le véritable reflet, le véhicule de mes états d'âme, de mes sensations et de mon vécu depuis ma jeunesse à ce jour. Dans cette œuvre, en général, les domaines vitaux et quotidiens ont leur considération : l'amour, la jeunesse, l'espoir. C'est surtout la situation socio-politique de mon pays qui occupe une majeure partie de cette création par rapport aux autres sujets ; elle me fait chanter ma plus grande douleur devant l'enfer que traverse notre Kabylie en particulier qui est prise entre le feu du terrorisme et de la répression étatique arabo-baathiste et celui du terrorisme intégriste islamiste. Ces deux feux qui ont transformé la mort en notre banal quotidien. A ces deux fléaux s'ajoutent ceux, tout aussi graves, du désespoir, du deuil, du marasme social, du chômage et donc du souhait de l'exil. L'exil... Ne dit-on pas chez nous que la séparation est la sœur de la mort ? Tout ce lot de souffrance m'oblige à lutter avec mon arme artistique et à crier ma révolte, haut et fort, afin de bannir le pouvoir maffieux et ses alliés, l'intégrisme religieux toutes tendances confondues. A bannir aussi l'obscurantisme, l'ignorance qui sous-tendent le système éducatif, l'intolérance, la corruption qui ruinent notre pays. N'oublions jamais la poursuite du combat permanent que nécessite l'aboutissement de notre noble cause, à savoir la nationalisation et l'officialisation de notre culture Berbère. A cet effet, je rends hommage à tous les militants sincères de la cause et je m'incline devant l'âme de nos victimes depuis le début du combat, en passant par le Printemps Berbère de1980 et le Printemps Noir d'Avril 2001. Gloire à nos martyrs ! Votre perte est notre moteur pour accomplir notre devoir à la fois envers vous et envers la cause. ZOURANE
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